Des nouvelles de Suvarov dans Voiles et Voiliers du mois de septembre 2012 :
Des nouvelles de Suvarov dans Voiles et Voiliers du mois de septembre 2012 :
Jeudi 12 Avril 2012
Me voici reparti pour ma troisième tentative de traversée du Pacifique, avec beaucoup de doute et la peur au ventre qui, heureusement, se dissipera au bout de quelques jours.
La Transpacifique dans son ensemble s'est bien passée, avec un vent entre 10 et 20 nœuds, quelques calmes et pas plus de 35 nœuds en rafale, vent et mer moins établis que dans l'Atlantique. Je n'ai pas vu un seul bateau, j'ai pêché régulièrement mais j'ai peu mangé, j'ai beaucoup maigri. La solitude ne m'a pas posé de problème, j'ai beaucoup lu : c'est seulement au large que j'arrive à me vider la tête et à lire. Grâce au téléphone satellite, je pouvais appeler Sophie tous les deux jours, c'était un moment très important pour moi et très attendu.
Au large, les levers et couchers de soleil sont superbes ! Une nuit, j'ai eu la chance d'observer un arc-en-ciel de nuit, c'était fabuleux ! J'ai été très étonné de voir des oiseaux tous les jours et enfin, le 8 mai 2012, au bout du 27ème jour au petit matin : Terre ! Fatu Hiva se dessine doucement sur l'horizon. Au fur et à mesure que j'approche d'elle, l'île dévoile toute sa beauté.
J'arrive quelques heures plus tard dans la Baie des Vierges à Hanavavé. Je ressens un véritable choc devant ce qui est sûrement la plus belle baie au monde : le paysage est sauvage, les falaises font apparaître des tikis naturellement sculptés par les ans, les couleurs sont extraordinaires, il n'y a pas de mots assez forts pour exprimer ce moment. Je mouille l'ancre et je reste deux heures à contempler ce panorama magique, j'ai encore du mal à croire que je suis arrivé !
Le lendemain, Saravah, parti en même temps que moi des Galapagos,arrive dans la baie et je retrouve son équipage : Laurent, Bertrand et Elsa. Nous décidons de faire une petite balade pour nous dégourdir les jambes et partons au village d'Omoa, à 18 km de là. Nous marchons pendant quatre heure et demie dans un décor de rêve en pleine montagne, accompagnés par les oiseaux et sans croiser un seul passant ni la moindre voiture. Au retour, un pêcheur nous ramène en bateau, heureusement, car mes jambes n'ont pas compris ce qui leur arrivait !
À peine arrivés, les habitants nous invitent spontanément chez eux pour discuter et nous convient à revenir partager leur table deux jours plus tard. Ils nous parlent de leur île et de leur vie, ils sont presque tous artisans : sculpteurs ou peintres, les femmes confectionnent de très beaux tapas.
Ils préparent aussi la noix de coco qu'ils envoient à Papeete, ainsi que tous leurs objets d'artisanat. Les gens ici sont d'une gentillesse rare et complètement désintéressés, j'ai été invité dans plusieurs familles et j'ai pu déguster du poisson cru et de la chèvre au lait de coco : délicieux !
À Fatu Hiva, il n'y a rien : pas de café, pas de restaurant, pas de banque, pas d'internet. L'île est ravitaillée toutes les trois semaines par un petit cargo mais la nourriture ne manque pas sur place, au choix : cochons, chèvres ou poulets qui sont lâchés en pleine nature pour être chassés ensuite... La mer est riche en poissons et les habitants me donnent régulièrement toutes sortes de fruits qui poussent en abondance : bananes, oranges, pamplemousses, citrons, mangues...
Fatu Hiva me laissera un souvenir indélébile, tant par sa beauté sauvage que par l'accueil très chaleureux des habitants. Je lève l'ancre pour aller découvrir sa voisine Hiva Oa, l'île de Brel et de Gauguin.
Navigation : 3158 Milles
Cumul : 11165 Milles
Je quitte les Galapagos comme prévu samedi 17 Mars . Après trois jours de moteur, le vent ne s'est toujours pas levé et les prévisions pour la semaine prochaine n'en annoncent pas plus : je commence à douter. Mes réserves de carburant ont bien baissé et sans vent ni moteur, le bateau va se mettre à rouler, devenir inconfortable et je vais avoir du mal à dormir. Dois-je faire demi-tour ?
C'est le calme plat, la mer est d'huile quand tout à coup je vois deux ailerons noirs qui fendent l'eau et viennent vers moi à grande vitesse. Ce sont deux gros orques, ils plongent sous le bateau puis remontent chacun de leur côté en se plaçant tout contre la coque, ils sortent leur tête hors de l'eau et me fixent de leur oeil de prédateur avant de longer une nouvelle fois le bateau puis de repartir au loin... Quelle frayeur ! Il faut dire que j'avais lu avant de partir des histoires d'attaques d'orques et de bateaux coulés non loin de là. Faute de vent, je me décide donc à mettre le cap sur les Galapagos.
Je mouille l'ancre à Isabella vendredi 23 mars, mais après être descendu à terre, je réalise que l'avitaillement est trop limité. Je repars donc immédiatement vers la prochaine île et je mouille enfin à Santa Cruz le lendemain avec un réservoir presque vide. Là-bas, les autorités sont très strictes et ils ne veulent pas que je reste, comme j'ai dépassé le délai légal de 21 jours. Je prétexte un problème de santé pour gagner du temps et je me rends à l'hôpital pour avoir un certificat, cela me donne droit à trois jours supplémentaires. Mais la météo n'annonce toujours pas de vent sur le Pacifique, ce n'est vraiment pas le moment de partir. Finalement après avoir menacé de contacter l'ambassade de France à Quito, j'obtiens in extremis l'autorisation d'attendre de meilleures conditions de vent. Merci à l'équipage d'Ecapoe pour leur aide et leurs conseils avisés !
Nouvelle tentative de traversée le 02 Avril . Je change complètement ma route pour avoir des chances de trouver le vent vers le 8è Sud, même si je dois passer dans une zone déconseillée par les guides nautiques. Malheureusement le temps est très mauvais, il pleut à seaux et l'eau arrive même à entrer par les bouches d'aération, la mer est assez courte et croisée, les vaguent claquent contre la coque. La troisième nuit, un bateau motorisé vient vers moi et les occupants m'invectivent et me font des signes : je pense qu'il s'agit d'un bateau de pêche qui m'indique des filets à éviter, je change donc mon cap. J'apprendrai plus tard qu'un chalutier a sombré cette nuit-là et que plusieurs personnes ont disparu lors du naufrage. Je ne me sens pas bien depuis le départ, je suis même franchement malade : je décide donc encore une fois de faire demi-tour.
Cette fois, je retourne à San Cristobal où je suis très bien accueilli . J'y retrouve Laurent et l'équipage de Saravah, avec qui j'ai passé Panama. Finalement, je prends le parti de retenter la traversée en partant en même temps qu'eux le 11 Avril.
Navigation : 950 Milles
Cumul : 8007 Milles
Mardi 28/02/2012
Après sept jours et demie de navigation par vent très faible à nul, les Galapagos sont en vue. Heureusement que je pouvais compter sur mon moteur ! Pendant cette semaine en solitaire, je me suis senti très bien, en harmonie avec l'océan. J'arrive sur une mer d'huile à San Cristobal dans un paradis, accueilli par les fous, les frégates et les otaries !
Un moment mémorable : le passage de l'Équateur.
Je trouve un guide qui m'emmène visiter l'île. Nous partons d'abord vers le sommet du volcan, point culminant de l'île à 896 m. Marche autour du cratère et de sa lagune d'eau douce : des frégates planent très haut dans le ciel bleu, l'endroit est désert.
Et voici les fameuses tortues géantes des Galapagos : j'en vois de toutes les tailles, certaines n'ont que quelques mois, la plus vieille a environ 150 ans et elle peut espérer atteindre les 200 ans...
Retour sur la côte : les iguanes marins profitent du soleil sur les rochers, les otaries se prélassent ou jouent ensemble...
Je déjeune chez mon guide d'un repas très simple mais délicieux : soupe de poisson et riz. Il me montre une dizaine de livres recueillant les témoignages des voyageurs depuis plus de trente ans, les premiers étaient reçus pas sa mère. Je remarque la photo d'un homme dans un bateau minuscule : c'est un Australien qui a fait le tour du monde sur un voilier de 3,50 m !
Un soir, j'éclaire l'eau autour du bateau et je découvre un spectacle incroyable : des centaines, peut-être des milliers de raies nagent en formation serrée tout autour de Suvarov... C'est féérique !
Superbe escale sur une île très sauvage dotée d'une faune et d'une flore très riche et unique. J'ai visité San Cristobal de long en large et de haut en bas, de la montagne aux fonds marins les animaux y sont rois. Île très reposante et tranquille où j'ai pu me préparer mentalement à ma traversée du Pacifique. Je pars samedi 17 mars pour 5800 km de pleine mer, seul avec moi-même, la mer, le vent, le ciel et les étoiles pendant près d'un mois, une expérience qui m'attire et me fait peur à la fois. Cap sur les Marquises, ces îles où je rêve d'aller depuis mes treize ans et qui ont pour moi un attrait mystérieux et irrésistible...
Navigation : 880 Milles
Cumul : 7057 Milles
Dimanche 29 janvier 2012
Nous partons vers le flat à midi, le pilote du canal arrive à 16h, puis départ vers les trois premières écluses. Des hommes nous lancent des toulines, nous les accrochons aux bouts, quatre en tout : deux de mon côté, et deux du côté du catamaran avec lequel nous sommes à couple. Ils avancent avec nous dans le chenal, les portes se ferment puis ils attachent les amarres aux bites d'amarrage. L'eau commence à monter rapidement et pendant ce temps, nous tirons pour prendre le mou des amarres, afin de bien rester au centre du canal. Cela bouillonne très fort et une fois en haut, les hommes enlèvent les amarres et avancent vers l'écluse suivante, puis nous recommençons la même opération. Nous arrivons sur le lac Gatun vers 18h30, nous mettons l'ancre pour y passer la nuit et le pilote quitte le bateau.
Le lendemain, un autre pilote arrive à 6h30 pour nous accompagner dans la deuxième partie du canal. Nous naviguons au moteur pendant six heures sur le lac puis nous nous remettons à couple avec le catamaran pour passer les trois dernières écluses : toujours les mêmes manœuvres mais cette fois, l'eau descend. Après avoir passé la dernière écluse de Miraflores, nous voici enfin dans le Pacifique ! Encore une heure de moteur et nous passons sous le pont des Amériques, nous jetons l'ancre à 15h30 près de Panama City.
Le passage du canal de Panama a été une étape marquante dans mon voyage, j'ai été ému en pensant à tous les gens qui y ont laissé leur vie lors de sa construction et en songeant à tous les marins célèbres qui l'ont emprunté depuis.
Je passe les huit jours suivants à Panama City, grande ville moderne aux buildings impressionnants, qui contraste beaucoup avec Colon et les San Blas. La vieille ville coloniale est aussi très intéressante à visiter. Je profite ensuite d'une semaine tranquille aux îles Perlas, sauvages et désertes, avant ma traversée vers les Galapagos.
Navigation : 85 Milles
Cumul : 6177 Milles
Dimanche 22 Janvier 2012 : me voici enfin à la porte du Pacifique!
Le mouillage est agité par les allées et venues incessantes des porte-conteneurs et autres vraquiers, il faut rester vigilant. À côté, Aspasia 2 tourne à 360°, évitant la collision de justesse.
Arrivé à Colon, Tito m'accompagne en taxi pour commencer les démarches administratives en vue de traverser le canal. Cette ville est un vrai coupe-gorge ! Je vois des hommes qui guettent un peu partout, prêts à dépouiller les étrangers, au mieux.
Quelques jours plus tard, je pars tout de même en balade avec Daniel. Nous parcourons d'abord les grandes artères, puis les petites rues. Assez vite, des policiers armés jusqu'aux dents viennent nous demander de partir car le quartier est trop dangereux, pourtant nous ne ressentons aucune agressivité de la part de la population. Les agents veulent même nous ramener vers le port mais comme nous ne cédons pas, ils nous suivent un moment puis finissent par nous laisser là. Nous passons ensuite deux heures formidables, les gens viennent nous voir, ils nous hélent depuis leur balcon, nous souhaitent le bonjour. Les vieux nous parlent spontanément et veulent nous prendre en photo, ils ont l'air vraiment ravis de nous voir. Nous sommes surpris d'avoir un tel succès, un peu comme des pop-stars en tournée ! Un moment inoubliable en tout cas.
Mercredi 25/01/2012 : je me rends au flat pour le mesurage de Suvarov. La traversée du canal de Panama est prévue dimanche 29 et lundi 30 janvier...
Navigation : 60 Milles
Cumul : 6092 Milles
Départ de la Colombie le 11 01 2012 vers les San Blas. Je commence la navigation avec une mer forte, ce qui est assez habituel dans ce coin du monde. Trente milles plus loin, la mer se creuse encore plus et devient verte puis marron, pleine de branchages et de déchets : je suis au large du fleuve Magdalena. Cela dure environ trois heures et petit à petit, la mer se calme. Le lendemain dans la soirée, je commence à voir des îles au loin. J'allume le moteur pour accélérer et arriver avant la nuit à Porvenir pour ne pas me prendre dans les hauts fonds ou cayes, nombreux ici. La preuve en est beaucoup de bateaux sont restés échoués ici et là.
Porvenir : minuscule île où je fais mon entrée et aperçois les premiers indiens Kuna. Je pars ensuite à Holande Cays, des îlots perdus au large où vivent quelques familles démunies de tout et qui entretiennent les cocoteraies. Quelques indiens viennent au bateau pour me vendre du poisson ou des molas et me donnent leur téléphone cellulaire à recharger, c'est leur seul moyen de contact avec le continent en cas de problème. Quand je vais les voir dans leur village, c'est avec grand plaisir et gentillesse qu'ils me reçoivent et nous discutons à notre façon. Je pars ensuite vers Lemon Cays, où je touche le sable et reste bloqué. Heureusement les navigateurs du mouillage viennent m'aider à me sortir de là et ils réussissent à me dégager après deux heures d'effort.
Plus tard à Porvenir, je rencontre Frédéric, un français qui fait du charter dans les San Blas. Il me donne pleins de conseils pour Panama et me donne le numéro d' un de ses amis, Tito, qui va beaucoup m'aider pour le passage du canal.
Navigation : 130 Milles
Cumul : 6032 Milles
Départ d'Aruba le 28 12 2011 sans trop de regret, rien ne m'a vraiment fasciné sur cette île. La navigation se passe un peu mieux mais il y a quand méme beaucoup de vent et de vagues. Arrivé a 5h du matin le 30 12 2011 à Santa Marta en Colombie, je me mets au ponton visiteurs en attendant que la marina se réveille. Les employés de la marina arrivent, trés accueillants et souriants, ainsi que Dito qui s'occupe des formalités d immigration et de douane. Tous se passe rapidement et sans souci . Je retrouve à la marina Jiloumé, rencontré à Grenade.
Magnifique paysage montagneux ... Santa Marta est un endroit où beaucoup de Colombiens viennent en famille pour les fêtes de fin d'année et profitent de la plage. Ils m'expliquent que depuis quatre ans, le pays est plus paisible et qu'il y a plus de liberté. Partout des petits vendeurs de toute sorte et artisans animent les rues : couleurs, bruits, odeurs... Le soir, ils viennent en famille jusque tard dans la nuit. Ils se promènent et écoutent les petits groupes. Jeunes et vieux n'hésitent pas à danser ensemble. J'ai été trés agréablement surpris par leur accueil et leur bonne humeur, je ne suis malheureusement pas resté très longtemps mais je garderai un trés bon souvenir. Je me suis senti très en sécurité, je n'ai jamais été importuné et n'ai jamais assisté à une agression, c'est vrai qu'il y a beaucoup de militaires et de policiers qui sillonnent les rues.
J' ai adoré cette escale, juste une petite frayeur en partant... Les papiers de sortie faits, je passe à la banque pour changer mes pesos en dollars et je largue les amarres. Une heure plus tard, la VHF hurle : « Suvarov Suvarov »... Je n'avais aucune envie de faire demi tour, la mer étant mauvaise et j'avais déjà parcouru 5 milles donc je continue... Au bout de quinze minutes, je vois un bateau militaire qui arrive à toute allure. Il me rejoint et me demande de m'arrêter et là, qui vois-je : la banquière avec un mal de mer terrible qui m'explique qu'elle s'est trompée et m'a donné trop de dollars. Aprés vérification, je rends le trop perçu à un militaire en équilibre au bout de leur bateau : avec des creux de trois mètres, c' était du sport ! Et les voilà repartis, l'employée de la banque souriante mais très malade et moi rassuré de ne pas finir mes jours en prison en Colombie...
Arrivé en Guadeloupe, je flâne entre l'îlet Gosier et Les Saintes.
Panne d'alizés depuis quelque temps, je dois patienter. Une fenêtre météo se présente enfin vers le 17 décembre, le vent recommence à souffler assez fort. Je souhaite rallier directement la Colombie depuis la Guadeloupe. Ce sera un moyen de me tester en solitaire et de voir comment je me sens, seul en pleine mer pendant plusieurs jours. Epreuve nécessaire avant la traversée du Pacifique, prévue l'année prochaine. Départ tranquille avec 20 noeuds de vent. Adieu la Guadeloupe et Les Saintes!
Au bout de deux jours, je commence à voir les oiseaux du large et la mer commence à grossir.
Le troisième jour, rien ne va plus : vent à 45 noeuds, vagues de 4 à 5 mètres, houle croisée... A cet endroit, la mer des Caraïbes a la réputation d'être l'une des mers les plus dangeureuses du monde. Je veux bien le croire ! Le quatrième jour, les conditions se dégradent encore et la météo ne prévoit pas d'amélioration. La fatigue s'accumule mais il faut rester vigilant avec tous ces porte-conteneurs et petroliers géants qui rôdent dans les parages...
Finalement je décide de me dérouter vers Aruba. Le bateau se couche plusieurs fois, l'eau rentre par les ventilations. Je n'ai pas dormi pendant presque trois jours, il était temps d'arriver dans cette petite île du Royaume des Pays-Bas presque entièrement dédiée aux touristes. Pas moins de deux paquebots et une vingtaine d'avions y arrivent chaque jour, déversant leur flot de touristes assoiffés de casinos, restos et autres boutiques de luxe. Ici on ne connaît pas la crise !
Je passe Noël ici et j'espère partir vers Santa Marta en Colombie avant fin décembre. D'ici là, je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année...
Navigation : 540 Milles
Cumul : 5622 Milles