Jeudi 12 Avril 2012
Me voici reparti pour ma troisième tentative de traversée du Pacifique, avec beaucoup de doute et la peur au ventre qui, heureusement, se dissipera au bout de quelques jours.
La Transpacifique dans son ensemble s'est bien passée, avec un vent entre 10 et 20 nœuds, quelques calmes et pas plus de 35 nœuds en rafale, vent et mer moins établis que dans l'Atlantique. Je n'ai pas vu un seul bateau, j'ai pêché régulièrement mais j'ai peu mangé, j'ai beaucoup maigri. La solitude ne m'a pas posé de problème, j'ai beaucoup lu : c'est seulement au large que j'arrive à me vider la tête et à lire. Grâce au téléphone satellite, je pouvais appeler Sophie tous les deux jours, c'était un moment très important pour moi et très attendu.
Au large, les levers et couchers de soleil sont superbes ! Une nuit, j'ai eu la chance d'observer un arc-en-ciel de nuit, c'était fabuleux ! J'ai été très étonné de voir des oiseaux tous les jours et enfin, le 8 mai 2012, au bout du 27ème jour au petit matin : Terre ! Fatu Hiva se dessine doucement sur l'horizon. Au fur et à mesure que j'approche d'elle, l'île dévoile toute sa beauté.
J'arrive quelques heures plus tard dans la Baie des Vierges à Hanavavé. Je ressens un véritable choc devant ce qui est sûrement la plus belle baie au monde : le paysage est sauvage, les falaises font apparaître des tikis naturellement sculptés par les ans, les couleurs sont extraordinaires, il n'y a pas de mots assez forts pour exprimer ce moment. Je mouille l'ancre et je reste deux heures à contempler ce panorama magique, j'ai encore du mal à croire que je suis arrivé !
Le lendemain, Saravah, parti en même temps que moi des Galapagos,arrive dans la baie et je retrouve son équipage : Laurent, Bertrand et Elsa. Nous décidons de faire une petite balade pour nous dégourdir les jambes et partons au village d'Omoa, à 18 km de là. Nous marchons pendant quatre heure et demie dans un décor de rêve en pleine montagne, accompagnés par les oiseaux et sans croiser un seul passant ni la moindre voiture. Au retour, un pêcheur nous ramène en bateau, heureusement, car mes jambes n'ont pas compris ce qui leur arrivait !
À peine arrivés, les habitants nous invitent spontanément chez eux pour discuter et nous convient à revenir partager leur table deux jours plus tard. Ils nous parlent de leur île et de leur vie, ils sont presque tous artisans : sculpteurs ou peintres, les femmes confectionnent de très beaux tapas.
Ils préparent aussi la noix de coco qu'ils envoient à Papeete, ainsi que tous leurs objets d'artisanat. Les gens ici sont d'une gentillesse rare et complètement désintéressés, j'ai été invité dans plusieurs familles et j'ai pu déguster du poisson cru et de la chèvre au lait de coco : délicieux !
À Fatu Hiva, il n'y a rien : pas de café, pas de restaurant, pas de banque, pas d'internet. L'île est ravitaillée toutes les trois semaines par un petit cargo mais la nourriture ne manque pas sur place, au choix : cochons, chèvres ou poulets qui sont lâchés en pleine nature pour être chassés ensuite... La mer est riche en poissons et les habitants me donnent régulièrement toutes sortes de fruits qui poussent en abondance : bananes, oranges, pamplemousses, citrons, mangues...
Fatu Hiva me laissera un souvenir indélébile, tant par sa beauté sauvage que par l'accueil très chaleureux des habitants. Je lève l'ancre pour aller découvrir sa voisine Hiva Oa, l'île de Brel et de Gauguin.
Navigation : 3158 Milles
Cumul : 11165 Milles